lundi 13 janvier 2014

Comprendre la pédagogie Montessori 2

Discipline et liberté :

La question de la discipline semble souvent problématique dans  les analyses des écrits de Maria Montessori car elle assure que l'enfant doit choisir ses activités, que l'adulte ne doit pas empêcher l'activité de l'enfant... Mais si on lit attentivement ses écrits toutes les réponses s'y trouvent.

Quelques citations du tome 1 de la pédagogie scientifique :

"la discipline doit, elle aussi, être active. N'est pas discipliné un individu rendu artificiellement silencieux et immobile comme un paralytique. C'est un individu anéanti, non discipliné.
Nous appelons discipliné, un individu qui est maître de lui et qui peut, par conséquent, disposer de lui-même, ou suivre une règle de vie. Cette discipline active n'est pas facile à obtenir ; mais elle contient en elle un principe élevé d'éducation; c'est bien autre chose que la condamnation à l'immobilité."(...)"Sa liberté doit avoir comme limite l'intérêt collectif et comme forme ce que nous appelons l'éducation des manières et des
gestes. Nous devons donc interdire à l'enfant tout ce qui peut offenser autrui ou lui nuire, tout ce qui prend l'allure d'un geste laid ou grossier."
" Mais toute manifestation ayant un but utile, quelle qu'elle soit, et sous quelque forme qu'elle se présente, doit lui être permise ; et le maître doit l'observer : voilà le point essentiel"

"Nous ne pouvons pas savoir les conséquences  de l'étouffement d'un acte spontané, alors que l'enfant commence à peine à agir ; sans doute est-ce la vie même que nous étouffons"

Maria Montessori envisage la discipline comme une conquête de l'enfant : la capacité de maîtriser ses actes, son corps et ses paroles.

Mon opinion :
L'adulte reste celui qui pose le cadre mais ici la subtilité du cadre est qu'il doit s'adapter très précisément à chaque enfant et à chaque situation. En effet, Maria Montessori explique que "toute manifestation ayant un but utile" doit être autorisée.

Je vous cite un exemple d'une toute petite fille (2 ans) chez ses grand parents qui tapait des pieds en criant en bas d'un escalier chez des amis. Ceux-ci ont commencé par dire qu'elle était capricieuse mais ont ensuite reconnu que chez eux et à la crèche, elle n'avait jamais l'occasion de monter des escaliers. Alors la grand-mère a pris sa petite fille par la main et l'a aidée à monter et à redescendre plusieurs fois. L'enfant s'est calmée immédiatement et a pu ensuite jouer à autre chose très tranquillement.

L'adulte ici n'a aucune raison de punir, dans ses livres Maria Montessori va jusqu'à dire qu'il n'y a pas de caprices, mais des enfants aux besoins incompris.

Maria Montessori explique que certaines maîtresses de son époque ne comprennent pas leur rôle :

"Il est vraiment difficile d'admettre que la vie et ce qui en découle, a son autonomie, et que, pour l'étudier,
saisir ses secrets, il faut l'observer sans intervenir."

Pour moi elle décrit ici ce que j'ai pratiqué pendant une année entière avec des lynx : observer pour comprendre. C'est une science qui s'appelle l'éthologie et elle s'applique aussi à l'être humain. Maria Montessori nous dit que ceux qui étudient les bactéries unicellulaires passent des heures à les observer devant leur microscope alors que nous ne prenons pas le temps d'observer les enfants pour comprendre leurs besoins. Or si des bactéries nécessitent des centaines d'heures d'observation combien en faut-il pour un enfant ?
Cette observation n'est pas synonyme d'immobilisme pour une éducatrice comme on pourrait le penser en réfléchissant au chercheur en éthologie mais plutôt ce qui sera la base de son intervention ou non : quels sont les comportements qui reflètent un besoin ? Quels sont ceux qui devraient être stoppés car ils nuisent à l'enfant ou aux autres ?


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